Messages pour Mimi Barthélémy


Message de Rose-Esther GUIGNARD

Laissé le Jeu. 13 Novembre 2014 à 7H01

A Mimi,

Mon mentor, mon amie, ma maman de contes. Tu es une étoile filante, maintenant, qui veille sur nous. Je sais où tu es, tu seras toujours là pour moi. J’entends ta voix, j’entends tes conseils, tes mises en garde.
Ta voix résonne en moi et me donne des frissons.
Nos souvenirs inoubliables, des images, tant d’mages.
Tu m’as aidée à trouver ma place dans ce monde, moi, qui me sentais ni haïtienne, ni française. Et cet accent que je ne voulais absolument pas perdre…
Comme toujours, je ne ratais pas un seul de tes spectacles. Ce fameux jour où nous nous sommes vues avant ta représentation à Vernouillet. Tu m’as dit :
- « C’est quoi cet histoire d’accent ? C’est quoi ces bêtises ? Tu es française-haïtienne. Met toi en plein milieu et prend les bonnes choses de chaque côté et fais en quelque chose. Continue d’écrire Rose-Esther. Ecrire, écrire, écrire, continue d’écrire. Ecrit tout. »
Tu m’as ouvert les yeux. Je m’étais plus du tout aveugle. Aujourd’hui, tout est clair. Je suis sur la bonne route, sur le bon chemin. Quoi qu’il arrive, seule ou avec les autres, je continuerai d’avancer.
Tu me disais :
- « Ne te plains pas. Tu fais beaucoup de choses seule. Tu avances bien. Ne lâche rien. Travaille, travailles, Rose-Esther.
Ce n’est pas toujours simple de travailler avec une équipe. MAP KENBE RED ! MWEN PA LAGE ANYEN ANKO ! »

Nous nous retrouvons au festival de contes EPOS, à Vendôme. Au salon du livre, en ce début de juillet 2011. Comme à chaque fois, tu as l’air surpris de me voir. Tout de suite, tu me dis :
- « Rose-Esther, je pensais à toi pendant mes vacances, à comment je peux t’aider. Il y a un atelier d’écriture à Paris, avec Yann Dimay, sur quatre mois. C’est très intense mais je pense que ça pourrait t’intéresser… »

Puis tu me dis :
- « Je travaille chez toi sur un roman, je ne vais pas bouger beaucoup. Appelle-moi, quand tu veux, à n’importe quel moment si tu as besoin. »
Le téléphone sonne, c’est toi qui m’invite chez toi. Le rendez-vous est fixé au milieu de la semaine prochaine, Rue d’Oran.
J’arrive dans ton joli jardin de paradis tropical. Mes yeux sont tombent sur la Sirène en bosmétal de la Reine des poissons.
Je me sens à l’aise dans cette magnifique maison qui te ressemble. Partout, des photos, des livres, des masques haïtiens, des tableaux, des sculptures… Chaque objet raconte une petite histoire de ta vie. Tant des choses à savoir, à découvrir et à raconter…
Je suis aux anges. C’est vraiment magnifique chez toi. Mon jardin tropical, souvenirs d’une enfance heureuse...

Quand nous nous retrouvons en octobre, à cet atelier, je suis terrorisée par l’exercice « je me souviens. »
Tu es très émue par le texte que j’écris sur ma grand-mère. Ce jour-là tu découvre une jeune femme très fragile et sensible qui se bat, brisée par cette double culture mais avec son Haïti qui lui est très cher.
Mon regard croise le tiens et je suis complètement déstabilisée. A mes yeux, tu es une si grande femme. Ma Mimi que je connais, partout où je passe, j’entends ton nom. Tu me dis : Rose-Esther, si tu n’arrêtes pas, je m’en vais. Pas de timidité entre nous ! »
Je baisse les yeux et reprends mes esprits. Tout au long de cet atelier, nous nous découvrons naturellement. Nos échanges sont plus forts, plus émouvants.
Nous marchons dans la rue, bras dessus, bras dessous. Nous rigolons, nous parlons de notre Haïti chéri, de nos souvenirs. Nous chantons, la vie est belle, tout est idyllique.

Dans le métro, nous nous asseyons face à face, côte à côte, yeux dans les yeux. Un sourire complice : nous nous comprenons…
Des fois, je fais un détour, juste pour passer un peu plus de temps avec toi. Malgré cela, le temps file comme l’éclair, et nous sommes obligées de nous séparer jusqu’à la prochaine fois.

L’atelier d’écriture arrive à sa fin. Je suis la seule à écrire un monologue de théâtre sur mon enfance. Pendant ma demi-heure de lecture à voix haute, je vois tes yeux qui brillent, ton sourire… Tu es très contente. Tu me dis :
- « Bravo Rose-Esther. Je m’attendais à quelque chose de triste, de sombre, vu ton passé. Je suis surprise et épatée. Continue comme ça. »

Je sais que j’ai un ange là haut. Je finirai cette écriture pour toi et moi.

Je me rappelle ces deux jours de formation que tu donnais au théâtre Antoine Vitez, à Vitry sur Seine, en septembre 2012. Tu es en résidence pour Koute chante. Tu as encore pensé à moi, tu m’as invitée à venir, je suis beaucoup touchée.

Ma Mimi, je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu as fait pour moi, pour tes conseils et tes mises en garde.

Mon Ange, mon étoile, continue à veiller sur moi, sur nous. Tu brilleras toujours, tu scintilleras de mille merveilles.

A une personne exceptionnelle,

MA MIMI

Rose-Esther,dans ta chambre mortuaire, un sommeil profond et paisible!


Message de Coralia Rodríguez

Laissé le Jeu. 8 Mai 2014 à 23H20

C'était le printemps 2012. Festival Los Dueños de la Palabra. A La Havane, Cuba, la terre de Guillermo, son amour à Mimi. Nous étions ensemble: Mimi, notre ami Hassane Kouyaté et moi. Un soir, au bord de la mer, elle m'as dit les larmes aux yeux, se baladant entre tristesse et bonheur: "ce soir la mer a exactement la couleur préférée de Guillermo, ce vert-gris un peu indéfini..." Les jours se sont écoulés vite, un vent de malheur et passé par Paris et a emporté Mimi. C'est Hassane qui me l'annonce au téléphone en pleurant... Incrédule encore, je l'annonce à mon tour aux conteurs cubains, ils sont tous désolés, le monde a perdu une grand dame, une des meilleures conteuses qu'ils n'avaient jamais vu, un bijou qu'ils venez à peine de découvrir....


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